« Un soir, j’ai appelé une Anglaise que j’avais rencontrée sur le parvis de la Sagrada Família. Elle a accepté de me retrouver dans un bar. Elle avalait de la vodka comme si c’était de l’eau, disait qu’à ce prix-là s’en priver serait trop con. Moi je m’en tenais à la San Miguel, la bière locale, mais j’avais cessé de compter les verres. Plus tard, dans une boîte de nuit, on a dansé sur une musique infecte. Sans les pilules qu’elle avait pu avoir d’un copain du DJ, je n’aurais pas tenu cinq minutes.

« On voulait rentrer. Elle squattait chez des amis dans la banlieue de Barcelone, c’était loin et les transports ne reprenaient qu’une bonne heure plus tard. Je lui ai offert de venir au studio. Encore sous l’emprise de la gnôle et des pilules, on a discuté de conneries jusqu’au petit matin. Finalement on s’est écroulé de sommeil. Vers midi, corps emmêlés, sa croupe contre mon ventre, et je crois bien que mon érection l’a réveillée tellement je bandais fort. Elle a branlé mon sexe avant de plonger dessus avec sa bouche. Sa chatte béait du mauvais côté, ma main se contorsionnait pour s’y glisser. Quand elle s’est enfilé ma bite j’ai cru exploser, mais j’ai su me retenir jusqu’à ce qu’elle se mette à rugir. On a remis ça plusieurs fois, baisant comme des forcenés jusqu’en fin d’après-midi.

« À mon retour, je ne sais pas pourquoi, je t’ai confessé mon aventure espagnole — dois-je dire anglaise? Tes mots à l’entrée se sont multipliés et leur contenu devenait de plus en plus alarmant:

« Je suis malade

Mon cœur me fait mal

Tu n’es jamais là quand j’ai besoin de toi

Tu te tues en moi, tu tues mon ami, ma famille

Tu étais ma maison

Je suis désormais sans abri

mon complice: un rat

tu fous tout en l’air, j’ai mal

L. »

« Autre exemple:

« Où sont les pilules pour effacer la mémoire?

L. »

« Ton état de santé empirait. Tu refusais de te nourrir. Ta famille a opté pour le rapatriement. Ils t’ont placée dans une clinique privée. Selon eux, j’étais la cause de tous les maux. Il m’était défendu de venir en visite. Après avoir repris des forces, tu es sortie en convalescence. Tu vivais dans un appartement qui appartenait à ton père, à St-Gilles. Je venais régulièrement te voir à l’insu de tes parents, jusqu’au soir du 27 janvier 1991, date fatidique à laquelle j’ai mis fin à tes souffrances.