L.

« Le lendemain matin, j’ai pris le petit-déjeuner dans la cuisine. Mme Recker m’y a présenté un contrat qu’elle m’a demandé de lire et de signer. Mais pas tout de suite, car elle m’a enjoint de la suivre pour la visite du docteur.

"Ne soyez pas nerveux", m’a-t-elle dit avant de me faire entrer dans la pièce. En vingt-cinq ans de métier, seulement deux candidats ont échoué aux examens. Et je n’ai pas eu besoin de l’avis d’un spécialiste pour m’apercevoir qu’ils étaient dérangés de l’esprit. Quant à vous, je sens que vous êtes quelqu’un de bien. Je suis sûre que tout se passera pour le mieux.

« Installé derrière une table de bureau, un homme dans la cinquantaine. Il était grand, barbu, et portait des lunettes.

"Prenez place."

« Sa voix ne collait pas avec son apparence, trop haut perchée pour son gabarit. Il m’a interrogé à ton sujet, il voulait savoir ce que je t’avais fait. Je lui répondais calmement, je disais la vérité. Après lui avoir exposé les faits, il s’est enquis de mes motivations. Le pourquoi était beaucoup plus difficile à expliquer. Il n’y avait pas de vérité singulière, que de multiples, et chacune défiait les autres. Je lui ai simplement dit que je ne savais pas pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait. Qu’il était trop tôt pour se former une opinion là-dessus.

« Le docteur m’a ensuite interrogé sur mon état de santé, il voulait savoir si je prenais des médicaments. J’ai dit non, rien de tout cela. Au bout d’un certain temps, il s’est déclaré satisfait.

"En ce qui me concerne, vous êtes apte pour la mise en résidence. Je suis sûr que vous vous y plairez. De quoi vous plaindriez-vous? Vous avez eu la chance d’échapper au pénitencier, ce qui ne veut pas dire que vous échapperez aux conséquences morales de votre acte. L’impact du forfait que vous avez commis est dévastateur sur le plan de la psyché. Je vous laisse le loisir de méditer cela. À bientôt."

« M. Recker m’attendait dans le couloir. Il m’a assuré que tout s’était bien déroulé à Bruxelles.